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  • RENAULT TRAHIT ALPINE

    RENAULT TRAHIT ALPINE

    Selon des rumeurs convergentes, il semble de plus en plus probable que le plan Renault d’économies de 2 milliards, présenté par madame Delbos, DG intérimaire, inclue la fermeture du site de Dieppe où est fabriquée l’Alpine A110.


    Préalablement , on peut s’étonner que des mesures structurelles aussi graves puissent être prises par une Direction « INTERIMAIRE », puisque depuis bientôt 18 mois Renault, une des entreprises les plus importantes du CAC, vit sous ce régime provisoire qu’on imaginait destiné à « expédier les affaire courantes ». Proposer la fermeture de 4 sites industriels va bien au-delà !...


    Sur le fond, l’usine Alpine de Dieppe est un cas à part pour plusieurs raisons :


    1/ Dans le dispositif industriel de Renault, le site de Dieppe, avec moins de 400 salariés et une capacité de production installée à environ, 20 véhicules par jour, est plus un atelier qu’une usine ; on peut même dire une « manufacture ». Le programme Alpine a été décidé, entre autres, pour renforcer la crédibilité de Renault en Haut de Gamme, dit « Premium« . Et les collaborateurs Alpine à tous les niveaux de la fabrication ont intégré cette mission de prestige et s’en acquittent avec conscience et une certaine fierté, pour livrer un véhicule de qualité irréprochable qui, on a pu le constater, ne déçoit pas ses presque 10000 acheteurs livrés à ce jour. La crédibilité dans le luxe est un processus long, délicat et fragile mais qui peut rapporter gros : c’est, par exemple, le secteur qui de loin a le mieux résisté à la crise actuelle.


    2/ Au-delà de l’aspect purement industriel, la fermeture de l’usine de Dieppe menace de mort un modèle, l’Alpine A110, fabriquée exclusivement à Dieppe et même une marque « Alpine », relancée à grands frais par Renault depuis 3 ans.
    Les technocrates peuvent toujours proposer de déménager les moyens de fabrication et de continuer cette fabrication dans une autre usine du groupe, à Sandouville par exemple (à plus de 100 km). Il faudrait alors prendre en compte le coût réel et consolidé d’une telle opération, y compris la formation d’un nouveau personnel, à rapprocher d’un gain espéré assez incertain. Ce serait aussi faire fi de l’association parfaitement ancrée dans le public et les media entre Alpine et Dieppe, sa ville d‘origine, part de son ADN, comme Renault-Billancourt, Fiat-Turin, Ferrari-Maranello, Volkswagen-Wolfsburg, Porsche-Zuffenhausen, etc.
    Abandonner le modèle A110 serait une erreur grave, compte-tenu de son potentiel: Celle-ci a obtenu le meilleur accueil de la Presse Internationale jamais enregistré chez Renault…Et beaucoup de concurrents européens rêveraient de compter un tel modèle dans leur gamme de véhicules!
    Les communicants diront qu’on peut toujours exploiter la marque Alpine en tant que badge sur des versions sportives de modèles Renault. La marque Alpine, à son niveau de notoriété actuelle, vaut autour de 300 millions d’euros et pourrait effectivement valoriser des modèles Renault… tout en se dépréciant rapidement si le modèle n’est pas en parfaite cohérence avec les attributs de la marque Alpine. Mais, l’exploitation d’une marque, sans la faire VIVRE conduit inévitablement à son discrédit !


    3/ Gaspillage de know how.
    L’usine Alpine est l’usine pilote du groupe Renault et mieux, de l’Alliance Renault-Nissan en termes de nouvelles technologies de fabrication. Elle est la seule à pratiquer le montage de carrosseries en aluminium et l’assemblage par « rivetage-collage » hérité de l’aéronautique. Or, ces deux technologies sont très porteuses dans la recherche de diminution des nuisances environnementales, grâce aux gains de masse obtenus. A preuve la A110 est en France, le modèle thermique premium le moins imposé en « Malus ». Ce savoir faire maintenant parfaitement maîtrisé par Alpine représente un énorme et fastidieux travail d'apprentissage.


    4/ Au niveau social, la catastrophe ne touche pas que les 400 salariés Alpine mais aussi les intérimaires, les prestataires de service et encore le personnel des fournisseurs, nombreux dans la région dieppoise et en Normandie. Pour certains petits fournisseurs très spécialisés dans des techniques de pointe, leur retirer un tel volume d’affaires aboutirait probablement à leur mise en faillite.

     

    Voilà quelques conséquences graves que les comptables pressés de Renault n’ont probablement pas prises en compte, par ignorance, lors de cette proposition d’ailleurs motivée par un faux constat : après un départ brillant, les ventes de l’A110 ont dangereusement baissé faisant craindre aux financiers du groupe un foyer de pertes durable à Dieppe. Le produit n’est absolument pas en cause dans cette baisse des ventes, mais une direction commerciale pratiquement inexistante qui a trop parié sur les ventes par le canal du « e-commerce », plutôt que de construire, notamment à l’exportation, un réseau spécialisé et motivé ; il suffirait de quelques mois pour relancer l’intérêt du public, étranger prioritairement !
    Renault connaît le même problème avec ses modèles premium, mais c’est une autre histoire….

    L'économie escomptée de la fermeture de Dieppe risque fort de se révéler rapidement comme un beau gâchis!

    Jacques CHEINISSE le 25/05/2020