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Renault, Résultats 2009, Perspectives.

 

 

 

RENAULT : Résultats 2009 et Perspectives                                                            le 18/02/2010

 

 

Ce jeudi 11 février, Renault présentait ses résultats 2009: exercice difficile, quand il s’agit d’annoncer une perte de plus de 3 milliards d’Euros…

La crise a imposé de réduire la voilure et le seul objectif pour l’exercice 2009 était, si l’on peut dire, de rester à flot…en gardant un « free cash flow » positif ; objectif atteint, et reconduit pour 2010 !

Cette tactique « courtermiste » ne va pas sans danger quand elle est ainsi reconduite sur deux ans:

Une des premières mesures faciles pour augmenter le cash flow est de réduire les stocks de tous ordres: véhicules, organes mécaniques, composants, pièces, matières premières. Mais à ce jeu , pervers quand on n’en connait pas les limites exactes, les industriels de Renault ont été pris à contre pied, quand, sous l’effet d’incitations fiscales, au demeurant bien prévisibles, la demande commerciale a augmenté dès le début de l’année: la production paralysée par la diminution « vertueuse » des stocks n’a pas pu suivre et, pendant environ six mois le Réseau a manqué de voitures et regardé ses clients partir à la concurrence acheter l’auto qu’ils ne pouvaient pas avoir dans l’immédiat chez leur constructeur.

Si on analyse le marché européen V.P. (Véhicules Particuliers, le seul pour lequel sont publiées des statistiques détaillées…) , à fin juin 2009, Renault avait perdu 114000 immatriculations par rapport à l’année 2008 alors que Fiat n’en avait perdu que 8000, Ford 26000, et VW en avait même gagné 12000...Sur ces 114000 ventes perdues sur le premier semestre, on peut estimer, généreusement, que la moitié se sont reportées en portefeuille pour livraison sur le deuxième semestre, mais, l’autre moitié a bel et bien été gagnée par les concurrents car la majorité des clients n’a plus la patience d’attendre quatre mois, voire plus, qu’on veuille bien leur livrer leur Twingo, Clio, Mégane, ou Laguna.

Ce zèle sur les stocks a donc coûté à Renault entre 50000 et 60000 véhicules, soit en ordre de grandeur, un manque à gagner de 50 à 100 millions d’euros selon le mix des voitures perdues!

On citera aussi pour mémoire, le mécontentement des clients dont la voiture est immobilisée en atelier pendant huit ou dix jours parce qu’on attend une pièce normalement livrable en 24 heures.

A fin janvier 2009,la part de marché VP Europe de Renault était tombée à 6,6% pour 7,6 moyenne année 2008, reléguant la marque en sixième position: ça commençait bien mal!

Mais rassurons nous, on a fini l’année « sur les chapeaux de roue », faisant dire à Patrick Pelata, Directeur Général que «  la marque Renault a connu la progression en part de marché la plus importante en Europe au second semestre », taisant, mais c’est le jeu, qu’elle avait connu la progression inverse au premier semestre et surtout, qu’au total, à fin 2009, la part de marché Europe de Renault, VP+VU est de 8,2%, pour 8,3% en 2008 (source A.C.E.A.) En six ans, elle a perdu 2,6 points de pénétration, soit plus de 400000 véhicules par an !

C’est un beau gâchis, car la crise aidant, Renault avait une occasion historique de se « refaire » sur cette année 2009 pour deux raisons:

-- Au-delà de Dacia, la gamme Renault est plus robuste que celles de ses concurrents en marché de crise car elle dispose en propre, de trois lignes de produit d’entrée de gamme: Twingo, Clio 2 et Clio 3, alors que ses concurrents directs n’en ont que deux, tout au plus.

-- 2009 était la première année pleine de commercialisation de la nouvelle gamme Mégane 3, ce qui se traduit normalement par une forte poussée de volumes, ce d’autant que les lancements à gros tirage se sont poursuivis cette année avec les Scenic.

Une autre mesure efficace pour améliorer le cash flow est de taper dans les dépenses non productives à court terme:

C’est le cas des dépenses de Recherches et Développements qui ont été réduites de 26% ! On nous dit que ça ne remet pas en cause les projets stratégiques…On peut en douter tant Renault a pris de retard sur ses concurrents dans des techniques porteuses de progrès en économies d’énergie telles que l’injection directe d’essence, les motorisations hybrides ou le downsizing.

Mais au-delà de cette économie de cash, la D.G. a passé « un Contrat Social de crise » qui a fait passer les salariés de la région parisienne, dont les ingénieurs du Technocentre de Guyancourt, à la semaine de quatre jours!

Bravo pour la paix sociale, mais quid de l’avenir ??

On en aura une idée précise sous quelques jours quand sera publié l’excellent indicateur des Brevets Déposés, révélateur de la capacité d’innovation des constructeurs.

Autre risque majeur, les investissements corporels ont été diminués de 36%. Quand on connait la rigueur de gestion de Renault, on imagine qu’il n’y avait pas beaucoup de mauvaise graisse dans ce domaine qui concerne à 80% les dépenses pour le renouvellement des produits et organes divers; il est donc probable qu’on a décidé de retarder des programmes ou décaler les plus coûteux. Renault se vante aujourd’hui d’avoir la plus jeune gamme d’Europe, qu’en sera-t-il dans deux ou trois ans ?? Par exemple, quand on apprend au détour de la polémique sur la délocalisation de la Clio 4 que celle-ci sera lançée en 2013, on a vite fait de calculer que ça fera huit ans de vie pour ce produit, pilier de la gamme et que face à une majorité de concurrents étrangers renouvelés, ce sera difficile à gérer…

D’autres mesures concernent les coûts de revient; en 2009, 213 millions ont été gagnés sur les Achats et l’objectif 2010 est un gain de 400 millions sur le même poste. C’est une utopie de penser qu’on peut obtenir impunément tous les ans 5 ou 7 % de gain chez les fournisseurs: cela mène inexorablement à une dégradation de la pièce fournie, soit en prestation produit, soit en qualité/fiabilité : même Toyota s’y est brulé les ailes… et ça devrait servir de leçon aux zélés cost-killers: l’image de qualité de Renault n’est pas telle qu’il puisse prendre des risques en ce domaine. .

En conclusion, le meilleur moyen d’augmenter la marge opérationnelle d’un constructeur automobile est de développer ses volumes grâce à des produits attractifs et innovants. Avec une gamme jeune et riche de produits adaptés, et un portefeuille de commandes encore bien garni, Renault démarre l’année 2010 dans les meilleures conditions pour faire de bons scores et redynamiser le moral des forces vives de l’Entreprise; restera à la Direction Générale à transformer l’essai en prenant les décisions produit adéquates pour le moyen et long terme.

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