ALPINE ressuscitée ??
ALPINE ressuscitée ??
Le journal économique « la Tribune » publie une interview de Carlos Tavares, le nouveau patron opérationnel de Renault : dans son souci de se redévelopper en haut de gamme, Renault envisagerait d’exploiter la marque Alpine, abandonnée depuis 1996. Ayant été ex-Alpine (12 ans) avant d’être ex-Renault (20 ans), je suis évidemment très sensible à ce qui pourrait relancer une marque restée très chère à mon cœur et me réjouis, à priori, de cette nouvelle.
Je ne m’étonne pas que Carlos Tavares, impliqué personnellement dans le sport automobile, apprécie la valeur de la marque Alpine, malgré 25 ans de sommeil et je lui en sais gré mais j’ai aussi la crainte que les « marketeurs » de Renault dont la vision s’est quelquefois révélée contestable, ne saccagent ce qui reste de sympathie et même d’enthousiasme dans la marque, à l’instar de ce qui se passe pour Gordini, génie mécanique, dont le nom ne sert qu’à valoriser des équipements de carrosserie et des artifices plus ou moins stylistiques : les deux célèbres bandes blanches ornant la Twingo 2 ne la sauvent pas d’une certaine dégénérescence !
On part déjà d’un quiproquo ; Carlos Tavares indique que la marque Alpine serait « typée luxe et sport » ; or pour le public et, en particulier, pour les nombreux fans d’Alpine de tous âges et de toutes origines sociales, réunis dans quelque 150 clubs à travers le monde, dont les plus enthousiastes sont en Allemagne et au Japon, la marque Alpine évoque une sportive pure et dure, à la marge du haut de gamme pour les derniers modèles, mais sûrement pas le luxe, d’une Jaguar, par exemple. Je crains donc qu’Alpine ne soit exploitée pour valoriser des versions enrichies en équipement et lourdement luxueuses. Mais ce n’est pas le luxe à lui seul qui fait le succès d’un haut de gamme mais la façon dont il est mis en œuvre, communiqué, vendu, et suivi.
A l’origine la célébrité d’Alpine est née du fougueux tempérament de la petite Berlinette, devenue Championne du Monde des rallyes en 1973 ; c’est également une ligne, un style intemporel transmis aussi à la A 310 et sa descendance ; le secret de leur réussite réside dans leur légèreté qu’on doit à la technique du polyester retenue pour leur carrosserie par le visionnaire créateur de la marque, Jean Rédélé.
Alpine peut sûrement apporter à Renault des composantes d’image intéressantes et complémentaires, mais plus sur l’axe jeunesse/dynamisme/fun que luxe et ostentation !
On apprend dans ce papier de la Tribune de A.G.Verdevoye que « L’ex-Régie semble impressionnée par le succès du label DS chez Citroën ». On reconnait bien là un des travers de nos trois constructeurs nationaux qui passent trop de temps à s’épier mutuellement au lieu d’élargir globalement leur champ concurrentiel ; en termes de haut de gamme, particulièrement, il y a des références beaucoup plus pertinentes que Citroën, même si leur récente démarche est intéressante. Le benchmarking consiste à analyser les meilleurs et je ne suis pas sûr que le succès des séries DS soit solide à long terme pour la bonne raison que ce nouveau concept a « oublié » l’essentiel de la référence originelle DS, à savoir l’innovation : ce n’est QUE du style et, n’en déplaise aux designers, ça ne suffit pas à assurer un succès solide dans le temps !
C’est également d’une innovation qu’a démarré Alpine en 1955, cette caisse en polyester que j’évoquais plus haut et un châssis poutre en acier. Si Renault veut réellement relancer le produit Alpine avec succès, il doit se gratter la tête pour créer une nouvelle berlinette INNOVANTE. Et ce n’est pas gagné car depuis Twingo1 et Kangoo on n’a pas vu arriver beaucoup de produits innovants chez notre constructeur national, en attendant leurs révolutionnaires voitures électriques...
S’il vous plait, Monsieur Tavares, veillez à ce que vos inspirés marketeurs ne dépravent pas l’image d’Alpine !
Commentaires
En effet comme toujours ce sujet Ô combien sensible pour les amateurs (voire passionnés) que nous sommes ressort régulièrement au fil des différents responsables de Renault. Le danger "Berlinette design by Le Quément", terrifiant pour nombre d'entre nous ces dernières années étant définitivement écarté, l'analyse "luxe" n'est pas rassurante pour le moins, car elle pose 3 problèmes: méconnaissance de Mr Tavarès des fondamentaux de la marque et donc problème du brief qui sera biaisé dès le départ, ensuite l'immense problème du "luxe by Renault" (????? Où, quand, comment, quels exemples, quelle expertise?), et enfin l'inadéquation du définitive du luxe et d'Alpine Renault. D'ailleurs dit-on d'une Lotus Elise, désirable pour beaucoup d'entre nous qu'elle est luxueuse? Non, car elle ne l'est pas et ON S'EN FOUT...
Les clés de la réussite possible d'une future Alpine ne passera pas par cette voie mais par une relative fidelité à l'esprit de la marque. C'est ce qui est très inquiétant quand on écoute les générations de dirigeants de Renault parler d'Alpine.
Pour finir merci Monsieur Cheinisse pour ces passionnantes analyses qui devraient pour le moins être étudiées dans les écoles de marketing.
Cordialement,
Tout simplement
Merci Monsieur Cheinisse pour cette brillante analyse.
C'est bien un homme visionnaire comme vous que Renault aurait du nonmer a la tête du service marketing !
Encore un grand bravo d'être toujours aussi fidèle à ALPINE
Cordialement
"Les fondamentaux de la marque" sont aujourd´hui à ré-inventer, car je le vous le rappelle la marque n´existe plus et le client d´aujourd´hui n´est pas celui d´hier. Et s´il l'est, il veut, non pas d´une nouvelle Porsche 550 mais bien d´une Panamera. Or, il vaut mieux une descendance à l´A110gt4 que la mort définitive de la marque.
Oui, je n´ai rien contre une Alpine génératrice de marge pour Renault, 4 places à moteur avant, et ce au sein d´une véritable gamme Alpine.
Quant à la clientèle jeune, offrons lui la possibilité de rouler Alpine, dans un vrai roadster accessible.
"Les clés de la réussite possible d'une future Alpine ne passera pas par
cette voie mais par une relative fidelité à l'esprit de la marque
Alpine peut sûrement apporter à Renault des composantes d’image
intéressantes et complémentaires, mais plus sur l’axe jeunesse/dynamisme/fun
que luxe et ostentation "
Tout dépend de ce que l´on considère comme étant luxueux, car mettre 25/35 000€ dans un véhicule passion, aussi spartiate soit-il, est déjà un luxe, messieurs! La plupart se contentant d´une citadine ou du monospace familiale..
Les produits, s´ils sont réussis, sont la véritable clé du succès. Qu´importe qu´il s'agisse d´une "Panamera like", pour peu qu´elle soit 200kg plus légère que sa concurrente allemande, pour peu qu´elle offre une vision du luxe justement plus aérée. Que ce soit une GT à 60 000€, pour peu que ses performances la mette à la hauteur de la concurrence. Le roadster qui manque aux 3 généralistes, serai alors la 3ème voie.
Il est impossible de plaire à tout le monde, mais si les produits sont séduisants, et c´est bien ça le plus important, quelque soit le créneau envisagé, Alpine peut réussir.
Car le luxe ne s´est jamais aussi bien porté .
Et Alpine est une marque de luxe pour Renault. Luxe de séduire des clients qui veulent un produit plus passionnel que l'offre d'un généraliste
http://www.wix.com/wehrung/circe
Je profite de ce "billet d'humeur" fort intéressant pour vous faire part de la réaction que j'avais publiée à l'article "Renault veut ressusciter Alpine" paru le 30 août dernier sur le site de La Tribune :
Rouler en Alpine n'est pas un luxe ? Je suis loin d'être d'accord avec cela. La sportivité est loin d'être la seule et unique caractéristique d'une Alpine. Car à l'époque, les Berlinette n'étaient pas vraiment "bon marché" si on compare leur prix de vente à leurs prestations en matière d’équipement ou de finition plutôt "simpliste". Comment ne peut-on pas considérer comme un luxe le fait de dépenser plusieurs fois le prix d’une Renault 5 pour seulement deux places et une utilisation quotidienne difficilement envisageable ? Certes la Berlinette ne revêt pas la même image du luxe qu'une Jaguar ou une Rolls mais elle n'en demeure pas moins une belle illustration. Il en va de même dans tous les domaines. Pourquoi habiter 200 m2 quand la moitié vous suffisent ? Pourquoi rouler en Laguna quand une Mégane répond parfaitement à vos besoins ? Toujours pas convaincu ? L'A310, voulue par Jean Rédélé lui-même pour aller chasser sur les terres de Porsche, franchissait une étape supplémentaire vers le confort… et le luxe ! Quant à son prix de vente, même s'il était en deçà de celui d’une Porsche, n'en demeurait pas moins élevé, et pas à la portée de tous les portefeuilles. D'ailleurs, à tous ceux pour qui Alpine, c'est la Berlinette et rien d'autre, je me permets de rappeler que l'Alpine la plus vendue de l'histoire est, de loin, l'A310, qui ne fut pas vraiment une sportive radicale. Après une transition avec la GTA, qui a fait encore évoluer le concept d'un coupé plus grand tourisme que purement sportif, l'A610 présentée en 1991 représentait l'aboutissement de la volonté initiée plus de vingt ans plus tôt par Jean Rédélé. Richement -luxueusement- équipée, l'A610 s'échangeait alors contre 395000 Francs de l'époque, soit 81900 euros d'aujourd’hui. Une somme qui plus que jamais faisait d'une Alpine un produit de luxe. Aujourd'hui, l'idée de Carlos Tavares ne me paraît pas du tout à côté de la plaque, bien au contraire. À qui pensez-vous vendre une sportive spartiate dans l'esprit de la Berlinette ? Qui serait aujourd'hui prêt à se passer d'une ouverture centralisée, de vitres électriques, d'une climatisation ou même d'un autoradio ? J'espère simplement que Carlos Tavares, et ceux qui se chargeront de décider de l'avenir d'Alpine, ne se tromperont pas de cible et ne galvauderont pas la marque comme ils l'ont fait avec le label Gordini. Mais je suis confiant. La renaissance d'Alpine, on en entend parler depuis des lustres. Il y a eu au début des années 90 la W71 qui aurait dû être l'A710, puis la Z11 en 2000, restée au stade de concept car jamais dévoilé. A chaque fois, on peut être déçu (surtout pour la W71) que les projets n'aient pas abouti, mais c'est peut-être aussi la preuve que chez Renault, on sait ce que représente Alpine et qu'on n’a pas le droit à l'erreur. Il y a un autre élément qui depuis quelques années est tout à fait positif : Alpine n'est plus un sujet tabou chez Renault comme ça a été le cas pendant de nombreuses années. Les esprits s'assouplissent, on ose enfin (re)parler de la marque au « A » fléché, et pas pour l'enterrer mais au contraire pour en faire quelque chose. Alors attendons, je pense et j'espère sincèrement que le meilleur est à venir.
P.S. Je précise que je suis un passionné de la marque, je roule en Alpine depuis l'âge de 19 ans et je possède aujourd'hui une A310 V6 et une A610 dont il est hors de question que je me sépare. Alors la renaissance de la marque ne peut être pour moi qu'une nouvelle enthousiasmante et excitante !