l'ESPOIR
Cadeau du Père Noël : L’ESPOIR ! le 21 dec 2011
Les Français passionnés d’automobile (non, ce n’est pas honteux !) ont leur cadeau de Noël : la modeste revue « Berlinette Mag » qui s’adresse prioritairement aux fans d’Alpine publie une longue et importante interview de Carlos Tavares, patron opérationnel de Renault. Il s’exprime sur son intacte passion de l’automobile, son implication dans le sport, son respect de notre Planète, son admiration pour Jean Rédélé, le créateur d’Alpine, et sa confiance dans le futur succès d’une nouvelle Alpine qui soit résolument innovante. Cette interview apporte beaucoup d’espoir, un espoir large qui dépasse amplement la possible résurrection d’Alpine. En effet, on a le bonheur de découvrir que Renault est enfin dirigée par un Homme de l’Automobile au lieu d’un politique ou d’un financier, avec une « vista » et une saine intégration de toutes les difficultés du métier : « …c’est un processus lourdement et profondément créatif avec des investissements importants, mais un retour sur investissements faible. Donc, il s’agit d’une industrie difficile… »
Ses réflexions sur le produit Renault sont très fraiches : évoquant la R8 Gordini, il dit : «…la combinatoire de l’audace par la performance et du côté abordable, c’est tout à fait l’ADN de Renault. Il n’y a aucune raison que Renault ne continue pas dans cette direction. Evidemment ceci devra s’exprimer de manière contemporaine ; il ne s’agit pas de ressortir les recettes du passé mais d’utiliser l’héritage pour bâtir l’avenir et surtout de s’inscrire dans la lignée de notre héritage pour continuer à faire rêver les gens. »
A propos de Gordini, « une approche très intelligente de la performance où l’on essaie de faire mieux avec ce que l’on a, sans toujours chercher à avoir plus et plus…il s’agit de faire mieux en étant plus ingénieux, plus astucieux dans la façon d’utiliser ce que nous avons. » Un beau message à l'ingénieur français type, tendance ultra perfectionniste : ingénieux, astucieux, j’adore ces termes !
A propos d’Alpine-Renault : « Je ne pense pas que la place de Renault et celle d’Alpine soient dans ce que les Anglo-Saxons appellent le me-too product, c'est-à-dire la copie. Je pense qu’il faut résister à la tentation de faire des voitures comme les autres et d’aller en frontal concurrencer certains de nos rivaux allemands. Ce n’est pas notre route. Notre direction est d’innover et de faire différemment pour répondre à des attentes aujourd’hui pas complètement exprimées et que nos concurrents, on va dire, plus traditionnels n’auraient pas encore perçues. Un des points sur lesquels il nous faut travailler est : en quoi sommes- nous différents des autres, en quoi est-ce que notre marque apporte plus d’innovation, plus de technologie et une prestation que les autres ne peuvent apporter ? Et c’est l’axe de la différenciation qui va nous conduire à une plus forte innovation sans pour autant renier notre héritage. Voilà pourquoi je dis que la Berlinette sera une expression extrêmement moderne qui va s’appuyer sur notre héritage en terme de sport automobile et qui va pousser l’audace un cran plus loin, là où justement nos concurrents traditionnels ne sont pas prêts d’aller, parce que dans leur esprit cela représente un risque trop important. » Enfin, Renault et Alpine se retrouvent naturellement réunis dans la différenciation et l’audace !
Pour revenir au projet Alpine, voilà en quelques mots son cahier des charges que j'approuve à 100% : « Il faut qu’elle soit en phase avec son temps, avec les attentes de la société d’aujourd’hui. Il ne s’agit pas de faire une voiture du passé, elle doit s’inscrire dans les tendances sociétales actuelles. Enfin il faut que le plaisir de conduite qu’elle procure soit incomparable. Là, il ne s’agit pas de faire la voiture la plus puissante ou la plus délicate à piloter. Il s’agit de faire la voiture qui avec honnêteté nous permette d’éprouver du plaisir parce qu’elle nous permet d’avoir un retour d’information de la route, de rester connecté avec le bitume. » La Messe est dite ! Merci, j’ai la réponse aux réserves que j’exprimais sur ce blog, dans ma note « Alpine ressuscitée » du 02/09/11. Mais attention, on n’est qu’en phase exploratoire, la décision ne sera prise que début 2012. Et…ça tombe mal, les commandes dès à présent sont en chute de 60% ; l’année à venir sera particulièrement noire pour l’activité automobile et encore plus chez Renault où la gamme est vieillissante , de plus en plus incomplète et ignore les trois principaux marchés du monde…Le Business Plan devra être suffisamment solide pour emporter la décision d’investir sur le projet : c’est là que tout se joue : selon la volonté de faire ou de ne pas faire de toutes les parties prenantes de l’entreprise, les chiffrages de dépenses et de recettes peuvent être sensiblement différents, d’où l’intérêt d’avoir dès le départ un produit séduisant…
Quoiqu’il en soit cette interview apporte un immense espoir pour Renault : Tavares voit clair, Bravo ! Mais saura-t-il résister aux financiers et politiques « maison » ?? Il aura besoin d’un fort soutien interne ; le discours qu’il tient n’a rien à voir avec les lénifiants propos, politiquement corrects, des prétendus experts de l’automobile, sur le plaisir, la passion, le rêve, par exemple ; on aimerait le voir s’exprimer plus largement, en ces termes sur des medias automobiles ou économiques plus diffusés : ça fait du bien un peu d’air frais !
En attendant, je vous conseille la lecture intégrale de cette interview de Carlos Tavares dans le n° 48 de la revue bimestrielle « Berlinette Mag », datée décembre-janvier 2012, en kiosque, au prix de 5€ !
Commentaires
Cher Monsieur Jacques !
Ce que j'aime votre manière d'écrire ... Elle correspond en tous points à ma perception des choses, de la passion Automobile et de la planète Renault.
Je vous en prie, poursuivez !
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