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  • Nouvel ESPACE.

     

    Nouvel ESPACE

     

     

    Renault annonce : « Nouveau Renault Espace, et si le vrai luxe, c’était encore et toujours l’Espace »…Si par luxe, on entend rare alors, oui, et on peut aussi  employer l’imparfait : sur les quatre premiers mois 2012 il n’en a été vendu que 4611 unités  en Europe pendant que, parmi ses concurrents directs, VW vendait 13239 Sharan, Ford : 9250 Galaxy et Seat : 6517 Alhambra ! Saisissant, quand on se souvient que c’est Renault qui a créé ce segment de marché des gros monospaces en 1984 et qu’il a logiquement continué de le dominer jusqu’en 2000 environ ; bon an, mal an il se vendait quelque 60.000 Espace par an qui saturaient les ateliers Matra où il était produit. L’Espace 4 lancé en 2002 dans l’usine de Sandouville a connu un succès plus mitigé mais il restait leader de son segment, représentant la véritable offre légitime et reconnue de Renault en haut de gamme. Mais peu à peu, les concurrents ont pris le dessus, mettant à profit les impasses de notre constructeur national ; pour faire vivre une ligne de produit il faut prévoir quelques opérations légères de rafraichissement (qu’on appelle face-lift) à mi-vie et un « reskin » complet au bout de six ou sept ans. Rien de tout cela n’a été fait sur l’Espace agé maintenant de plus de dix ans et ses nombreux   clients en phase de renouvellement ont été gentiment abandonnés à VW, Ford et Seat. La calculette des financiers de Renault n’a pas la finesse , pourtant élémentaire, d'apprécier le prix d’un client ; on analyse au centime près les coûts mais on se garde bien d’évaluer les manques à gagner engendrés par de petites économies. Depuis ces dix ans on n’a pratiquement rien investi sur l’Espace et maintenant, alors qu’il n’y a malheureusement plus grand-chose à en attendre et au pire moment, on dépense un peu d’argent pour remaquiller la bête et mettre à jour ses motorisations dont la consommation ne supportait plus la comparaison…trop tard ! Renault a suivi la même triste stratégie d’abandon avec Laguna qui ne partait pas d’une situation aussi enviable. A son lancement initial, elle figurait quand même dans le trio de tête des modèles du segment M2/D (moyenne supérieure) ; aujourd’hui, sur ce segment, en Europe, Toyota ou Volvo vendent deux fois plus d’autos que Renault, Ford et Opel, trois fois plus et VW…six fois plus, sans compter Audi ! Il n’y a pas de fatalité à la réussite en haut de gamme pour des marques généralistes ; il faut du sérieux, de la qualité et surtout de la constance pour accompagner ses clients et patiemment en conquérir davantage. Si on ajoute à ce beau gâchis le fiasco de Velsatis on comprend l’angoissante sous-activité de l’usine de Sandouville dans laquelle on a beaucoup investi autour de l’an 2000 pour en faire l’usine pilote du haut de gamme Renault.

     

    A ce propos, l’Acsia (Association des collectivités sites d’industrie automobile) qui s’inquiète à juste titre,  vient de sortir un Livre Blanc « pour enrayer le déclin du site automobile France ». Ses préconisations m’étonnent : le salut de la filière serait dans les segments B et C (Clio/208 et Mégane/308), qui sont déjà et depuis longtemps la priorité de nos constructeurs nationaux et au contraire de mettre la pédale douce sur le haut de gamme dominé par les allemands. Partant d’une situation où le coût du travail est plus cher en France, on aurait pourtant intérêt à développer dans nos usines des produits à forte valeur ajoutée ; mais, les auteurs poursuivent : «  nous pensons que les constructeurs ont encore une marge de manœuvre dans les process et la formation des salariés pour réduire les coûts de production ». Avant la crise, la productivité des usines automobiles françaises était pourtant de bon niveau, d’où le choix de Toyota à Valenciennes et il est difficile de demander au directeur d’une usine en sous-activité d’augmenter sa productivité quand, faute de croissance, 2% de gain de productivité conduisent à 2% de sureffectifs supplémentaires…L’Acsia préconise également de revoir le cahier des charges fonctionnel des véhicules pour les rendre plus « abordables » : Renault l’a fait avec le succès que l’on sait mais sur des Dacia fabriquées en Roumanie avec des taux horaires de M/O qui n’ont rien à voir…Ce qu’on peut surtout attendre des collectivités locales et des politiques en général c’est simplement d’avoir un comportement moins autophobe aux niveaux législatif, fiscal, médiatique, de cesser de suggérer que la bagnole est la clef de tous les maux, que les automobilistes traqués de toutes parts sont des délinquants en puissance etc…etc…Ce Livre Blanc ne devrait malheureusement pas avoir d’applications très favorables mais il révèle certains aspects inquiétants du "yakafokon" politique : il parait que le président de l’Acsia n’est autre que Pierre Moscovici, Ministre de l’Economie…Il faut au passage saluer la promotion de l’industrie dans ce nouveau gouvernement qui échappe, si on peut dire, à la tutelle de l’économie, pour hériter d’un ministère à part entière sous le nom pompeux de « Redressement Productif » et sous la houlette active de Arnaud  Montebourg…On croise les doigts !