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Alpine Berlinette A110

Alpine : « l’A110, c’était un échec commercial »

Humour ou provocation? C’est le propos de Bernard Ollivier, directeur général d’Alpine, dans le n° de Juillet de « Sport Auto ».

Venant d’un ex-dirigeant de Renault, cette déclaration a une certaine saveur car notre constructeur national a, depuis une quinzaine d’années, une formidable expérience de l’échec commercial que ce soit en  petites séries: Clio V6, Avantime, Wind, Coupé Laguna ou en « grandes » séries. Modus, Laguna 3, Vel Satis, Koléos, Latitude, et Zoé, la voiture électrique de masse…

L’échec commercial est avéré quand les ventes du modèle ne suffisent pas à rétribuer son ticket d’entrée (études, investissements industriels, frais de démarrage). C’est malheureusement le cas des modèles cités, mais, désolé Monsieur Ollivier, ce n’était pas le cas de la Berlinette A110 car son ticket d’entrée était si faible qu’il suffisait d’en vendre quelques centaines pour « rentrer dans ses sous » comme disait son célèbre créateur, Jean Rédélé! A tel point que la « frugalité » Alpine de l’époque est un élément du management de la nouvelle société Alpine.

Il faudrait aussi prendre en compte l’effet Image qui explique  qu’aujourd’hui le moindre exemplaire de cet « échec commercial » s’arrache entre 50.000 et 200.000 euros!!

 

Quoiqu’il en soit, pour la future, « Notre challenge est d’être bien meilleurs commercialement », le louable objectif est d’en vendre 2500 à 3000 par an. Bravo!

 

Bernard Ollivier explique comment :

 

-- Grâce à une « voiture magnifique », « le premier critère de réussite va être le design ». Peut-être, mais ça ne suffit pas : je connais certaines belles voitures qui se sont mal vendues et qui continuent à se vendre mal…Tant mieux si le design est magnifique mais en priorité il doit exprimer quelque chose de fort voire violent, un message clair sur les qualités de l’auto et pas seulement une ressemblance, un air de famille.

 

-- « Une voiture qui doit être utilisable au quotidien, ce qui n’était évidemment pas le cas dans le temps ». D’accord sur l’objectif, mais, erreur,  c’était déjà le cas il y a 50 ans! La majorité des Berlinettes vendues étaient des « version 85 » qui se conduisaient comme un vélo; c’était d’ailleurs dans bien des cas l’unique voiture d’un foyer où on voulait se faire plaisir. Toutes les versions « civiles » : 1300G, 1300S, 1600S étaient parfaitement utilisables au quotidien, seules les versions compétition « Groupe 4 », nécessitaient quelques précautions.

 

-- « Une voiture qui va s’adresser à beaucoup plus de clients ». Là, attention DANGER!! La Berlinette était une auto exclusive, égoïste, authentique; c’est-ce qui a fait son succès. Vouloir élargir les clientèles, c’est forcément affadir, abâtardir… « Notre cœur de cible ce ne sont pas les puristes, mais les passionnés ». Argutie pour se dédouaner du fait que la future Berlinette ne sera plus la plus légère de son segment comme elle l’était dans les années 60/70, qualité essentielle qui débouchait sur ce plaisir de conduite incomparable et cette efficacité qui en a fait la Championne du Monde des rallyes! Il est vrai que les « puristes » seraient prêts à se passer de tout confort pour faire léger, y compris assistance de direction, climatisation etc…or, aujourd’hui, il n’est plus envisageable de commercialiser une auto sans ce qui est devenu le minimum de confort qu’on retrouve en entrée de gamme. De là à accepter une masse de 1150 à 1200 kgs comme on le lit ici ou là dans la presse il y a un abîme qu’il ne faut pas franchir. L’Alfa-Romeo 4C démontre qu’on peut construire une sportive à hautes performances en restant sous les 1000 kgs; ça devrait être l’objectif n°1 car le poids est la spirale infernale qui conduit à tous les tristes renoncements.

 

Bref, ce mépris inattendu qui transparait dans cette interview pour ce qu’a été la Berlinette  est assez inquiétant. J’ai l’impression qu’on s’achemine vers le compromis: quand le journaliste interroge sur la concurrence: « L’Alfa 4C fait partie du paysage comme les Porsche Boxster ou Cayman….L’Alpine se situerait quelque part entre les deux. » et on ne parle pas de Lotus…Bizarre !

 

 

Jacques CHEINISSE                     le 20 juillet 2014

 

Commentaires

  • Inquiétudes partagées d'autant que le silence revient et que les actions se font attendrent....

  • Bonjour, qq remarques ou reflexions en vrac,
    Le Spider Renault Sport était exclusif, égoiste, il ne s'est vendu à 2000 ex. Faire plus spartiate me parait difficile.
    Parmi les chiffres à citer depuis sa création Alpine a produit 30 000 "Alpines".
    Comme d'hab les marketteurs vont hésiter entre luxe et sportivité.
    Comme d'hab Renault est déjà doublé dans le concept par la concurrence et va arriver en retard.
    Comment le pécus lambda va s'y retrouver entre, Gordini, Alpine, Renault Sport, Renault F1 il faudra bien choisir un jour. (Il a existé un coupé base Renault 16 dénomé "RAG" Renault Alpine Gordini) on y est encore.
    Le let motiv de Mr Ollivier est "Se méfier des passionnés" pour le moins antinomique avec son objectif.

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