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Cheinisse-ex-Renault - Page 6

  • ALPINE, 60 ans !

    ALPINE, 60 ans!

     

    C’était la Fête à Dieppe ces 11-12-13 septembre pour commémorer les 60 ans d‘Alpine, une fête magnifique, chaleureuse, qui a comblé les amateurs de la marque venus de l’Europe entière et même du Japon. La manifestation était entièrement organisée par l’AAA : cette Association des Anciens d’Alpine, m’étonnera toujours.

    Ses membres ont pour la plupart été embauchés par Alpine dans les années 1960, lors du grand développement de l‘entreprise, ponctué par la mise en service de son usine de l’avenue de Bréauté, à Dieppe, en mai 1969.

    On peut en déduire que la moyenne d’âge des sociétaires est de l’ordre de 70 ans !

    Mais pour eux, la dynamique Alpine est toujours aussi vivace, l’âge n’altère pas leur ardeur ni leur envie d’entreprendre ; car, mettre sur pied (pour la huitième fois…) une organisation qui consiste à recevoir plus de 1500 personnes n’est pas une mince affaire. Il faut accueillir ces gens, les loger, les nourrir, les occuper, les distraire même, et, cette année particulièrement, leur donner espoir. 

    Au-delà, il s’agissait aussi d’attirer 50.000 spectateurs à Dieppe, berceau de la marque, sur le Front de Mer, pour admirer quelque 800 belles Alpine et Renault sportives et leur donner l’occasion d’échanger avec tel ou tel acteur de la brillante épopée: il y avait là une vingtaine d’anciens pilotes de la célèbre Equipe Alpine qui a remporté nombre de championnats de France, d’Europe et même du Monde que ce soit sur routes en rallyes  ou sur circuits en Formule 3 et Sport/ Prototypes. Quelques ingénieurs et techniciens, motoristes ou châssis se prêtaient aussi au jeu des questions et réponses. Une partie de la nouvelle équipe Alpine était également présentée au public, occasion de marquer le passage de relais symbolique entre l’histoire et le futur!

    Tout cela représente un énorme travail de recherches, d’échanges, d’interventions, de visites, de négociations, de délégations, dont s’acquittent gracieusement nos « grognards » dieppois, avec le sourire … et une certaine fierté. Demandez donc un devis à une société d’événementiel (« X ou Y Events ») pour organiser une telle manifestation, vous obtiendrez probablement un chiffre entre un demi et un million d’euros…. Bravo les Artistes !!! Ils ont en plus trouvé les talents pour éditer un nouveau livre à cette occasion: « 60ans d’Alpine à Dieppe: 1955-2015 » dont la préface est largement reprise dans cette note.

    Depuis les années 50, une trentaine de marques célèbres ont disparu, de Amilcar à Zis en passant par Delage, Delahaye, Facel, Hotchkiss, Panhard, Salmson, Talbot etc … Toutes ont leurs Associations qui pérennisent leur mémoire et honorent leur créateur à travers des manifestations souvent assez mondaines, mais aucune ne peut faire état de cette immense ferveur populaire qui caractérise celles d’Alpine.

    Il y a 60 ans, son créateur, Jean Rédélé, a été conduit peu à peu, à construire ses propres autos par et pour la course. Ce fut souvent aussi le cas de ses réputés prédécesseurs, à la différence que ceux-ci créaient d’abord un moteur brillant, puissant, puis un châssis classique qu’habillaient ensuite des carrossiers, l’innovation étant dans la mécanique ; pour Jean Rédélé l’innovation était dans la carrosserie: une coque en polyester stratifié pour gagner un maximum de poids, afin de mieux exploiter la modeste mécanique de la 4CV Renault et ses quelque 50CV.  Une innovation de poids, si l’on peut dire….

    Les « Traditionnalistes de l’automobile », doctes ingénieurs et experts, pinçaient ostensiblement le nez sous les effluves de la résine polyester et je peux témoigner, pour avoir été ensuite chargé de vendre la production Alpine, que c’était un frein assez encombrant, pour ceux qui n’étaient pas motivés à l’achat essentiellement pour la course. Aujourd’hui, au contraire, la carrosserie en carbone est le summum de la technologie automobile et jouit d’une meilleure image que l’acier. A l’époque, d’autres artisans français ont exploité le même filon (mécanique 4CV et carrosserie polyester) ; parmi eux les Brissoneau, Rosier, René Bonnet, qui ont dû renoncer assez rapidement.

    Seul Jean Rédélé peut faire état de plus de 30 000 Alpine réalisées selon le même principe, en plusieurs étapes.

    Pour ses 60 ans on pourrait  écrire l’histoire d’Alpine en une pièce, heureusement inachevée, en 4 actes: 

    Acte 1: 1955-1973   Alpine, sous la conduite de Jean Rédélé : démarrage, tâtonnements, Création du Coach, du Coupé Sport, de la Berlinette, de l'A310; développement de la production et de l’image par la compétition, en rallyes essentiellement.

    Alpine remporte divers Championnats d’Europe des rallyes, puis en 1973 le Championnat du Monde. En circuits, accessits aux 24Heures du Mans avec les victoires aux  indices de performance ou indices énergétiques. Championnats de France F3.

    Le succès commercial se  confirme, l’usine de l’avenue de Bréauté est construite.

    Acte 2: 1973-1995   Prise de contrôle par Renault en juin 1973. 

    Développement de la gamme Alpine: A310 – GTA – A610. Développement de la R5 Alpine puis, Renault 5 Turbo.

     En compétition, réorientation vers les Circuits. Victoire au Championnat d’Europe Proto 2L. en 1974 (Grand Chelem). Victoire aux 24H du Mans en 1978. Puis reprise en compte totale de la compétition chez Renault pour la F1.

    Abandon de la production Alpine en 1995

     

    Acte 3: 1995-2012  Mise en sommeil d’Alpine. Plusieurs projets de relance sont arrêtés pour rentabilité insuffisante. Le dynamisme des 150 Clubs Alpine, de la presse spécialisée maison et de l’AAA apportent le « goutte à goutte » qui assure la survie d’Alpine.

     

    Acte 4:  2012-….     L’image de Renault est au plus mal, on cherche les moyens de la relancer; Alpine est la « pépite » qui peut y participer selon Carlos Tavarès, alors Directeur général délégué . En novembre 2012, Carlos Ghosn, Président directeur-général de Renault, annonce officiellement la relance d’Alpine. Un nouveau projet est lancé avec Catheram dans un premier temps, puis confirmé après le divorce Catheram. Le Bébé est annoncé pour 2016... 

    La nouvelle équipe Alpine est motivée; elle porte l’espoir de tous les fervents d’Alpine. Tous nos vœux les accompagnent!

    Une ombre au tableau: c’est pour quand ?? Je viens de lire dans le magazine« Mille Miles » daté du 15/09 une interview du nouveau PDG d’Alpine qui répondant à une question sur la date de commercialisation déclare: « …le planning est et restera la variable d’ajustement. Il est de mon devoir et de ma responsabilité d’y veiller ». Ce n’est pas rassurant car ces propos sont en contradiction formelle avec les principes de management de projet où l’objectif de planning est intangible au même titre que ceux de qualité et coût. Il est vrai que ça fait 20 ans qu’on attend une nouvelle Alpine, on ne devrait plus être à une année près…ou deux…ou plus... selon ajustement!

     

    Jacques CHEINISSE              le 22/09/2015

     

     

     

  • Renault: Rémunération du Président

     

    Le talent de M. Ghosn enfin reconnu !

     

     

    On a appris ce W.E. la bonne nouvelle : la rémunération du PDG de Renault va presque tripler en 2015, passant de 2,6 millions à 7,2 millions d’euros. Merci au Conseil d’Administration pour sa générosité !

    Si notre admirable et admiré PDG a bien un talent, ce n’est pas celui de renifler les créneaux automobiles porteurs pour son entreprise (on l’a vu, entre autres bides, avec la confidentielle Zoé tout électrique au lieu d’une Prius, hybride à succès mondial) mais bien de savoir séduire les analystes financiers : l’action Renault qui évolue ces jours-ci autour de 85 euros a retrouvé ses bons niveaux d’avant-crise au grand soulagement  des actionnaires et particulièrement des cadres dirigeants maison, anciens et surtout,actuels, qui en détiennent de gros paquets avec la perspective d’une copieuse plus-value pouvant atteindre 400%. Notons, petit détail rapporté par la presse économique, que dans cette rémunération de 7,2 millions sont attribuées gratuitement à M.Ghosn 100.000 actions (sous conditions, il est vrai) valorisées pour 4,1 millions soit à 41 euros, soit en gros, la moitié de leur valeur du jour…Au-delà de la plus-value potentielle, à force de se faire attribuer des actions gratuites par paquet de centaine de milliers qu’il ne peut vendre qu’après un certain délai, notre homme  a du se constituer, sans pour autant se faire d’illusions sur l’avenir de Renault, un copieux portefeuille d’actions Renault générant (sur sa proposition …) un généreux dividende : 1,90 euros pour l’exercice 2014; soit pour un portefeuille hypothétique mais plausible après bientôt 20 ans de boite d’1 millions d’actions, un versement annuel, en plus de ses émoluments, de 1,9 millions d’euros de dividendes, de quoi se payer quelques paquets de cigarettes avec filtre en or ! Mais les dividendes sont maintenant taxés au même titre que les revenus et là, le pauvre doit sérieusement passer à la casserole du fisc si toutefois il est résident fiscal français. Cela expliquerait pourquoi il tiendrait, parait-il, la France et les français dans la même estime que le footballeur vedette du Paris-Saint Germain, Slatan Ibraimovitch !

    Et tout ça pour un travail à mi-temps puisqu’il dirige aussi Nissan, dont il peut attendre sereinement dans le droit fil des exercices précédents, une autre rémunération de l’ordre de 8 millions d’euros en 2015. Avec ce total s’élevant à plus de 15 millions d’euros, il n’a plus de complexe à faire dans le milieu des PDG internationaux ; dans l’automobile, la fourchette est large entre M. Toyoda, patron de Toyota, premier constructeur mondial, à 1,7 millions et M.Winterkorn, patron de Volkswagen, à 15,9 millions en 2014 !

    Le problème, c’est qu’en 1996 quand M. Ghosn est rentré chez Renault, Volkswagen était le constructeur malade en Europe, tout en pesant le double de Renault (seul), aujourd’hui, VW pèse 4 à 5 fois plus que Renault (groupe) et l’écart ne peut que s’accroître :

     

    Exercice 2014

     

    Groupe Volkswagen (7 marques)

     

    Groupe Renault

    (Renault+Dacia+Samsung)

     

    Production en véhicules

    CA en euros

    Taux marge opérationnelle

    Résultat net en euros

     10 millions

     

    202 millions

    6,3%

    11 milliards €

     2,7 millions

     

    41 millions

    3,9%

    2 milliards € (dont 1,56 de contribution Nissan)

     

    Si on se réfère au nombre d’emplois créés ou…perdus que ces chiffres induisent, on peut en conclure que M. Winterkorn ne vole pas son argent (encore que…) mais, l’autre ??

     

     

    Jacques CHEINISSE                    le 30 mars 2015

  • François GUITER nous a quittés.

    Quand on vous annonce le décès d’un « monument » comme François Guiter, c’est d’abord la stupéfaction, voire l’incrédulité : l’Homme semblait si fort et si solide… comment pouvait-il disparaitre ? Puis très vite c’est le chagrin : il n’y a pas beaucoup d’hommes de sa trempe autour de vous qui pourraient vous consoler, sur qui reporter vos espoirs. On dit beaucoup, et à juste titre, que François Guiter est à l’origine du renouveau du sport automobile français dans les années 70/80. Une majorité de pilotes français ont porté le fameux trépan Elf sur leur combinaison et non des moindres, puisque six ou sept d’entre eux se retrouvaient dans ces années-là, en F1, ensemble, mais les uns contre les autres… Bonne ambiance franchouillarde ! Les marques françaises Matra et Alpine raflaient les plus prestigieuses épreuves et championnats du monde, que ce soit en Rallyes, en F1 ou en endurance. Miracle ou simple concours de circonstances ? Coïncidence : il y avait alors sur le terrain un Homme, qui savait communiquer son enthousiasme, sa rage de vaincre, tant aux jeunes pilotes qu’aux plus importants managers de l’industrie. Cette force de caractère, il l’avait forgée en plongée dans les eaux glacées tumultueuses et mystérieuses des résurgences et petites rivières telle la Vésubie, puis, en apprivoisant les requins de l’Océan Indien… pour finalement apprendre à manœuvrer les crocodiles du pétrole ou de l’automobile. J’ai été témoin de son approche et de ses négociations musclées entre Renault et Alpine. En principe, Alpine n’avait pas affaire directement à son pétrolier. Renault et Elf avaient négocié un large contrat de préconisation qui comportait un volet compétition, aux termes duquel le pétrolier apportait sa contribution au budget courses de Renault en échange d’une exclusivité pilotes et véhicules Renault et Alpine. Donc Alpine portait les couleurs Elf mais c’est Renault qui rétrocédait à Alpine une part de la participation Elf… Cette situation un peu tordue ne plaisait guère à Rédélé, patron d’Alpine, ni à Guiter, qui pourtant s’en accommodait car à l’époque le programme de rallyes d’Alpine ne le passionnait pas, pas plus que leur modeste participation aux 24Heures du Mans, sans jamais pouvoir jouer « la gagne ». En homme pressé, Guiter avait persuadé monsieur Prada, le patron d’Elf, de jouer le sport automobile et particulièrement les courses en circuits plus faciles à exploiter médiatiquement pour que sa nouvelle marque gagne rapidement de la notoriété. A la fin de la saison 70, François Guiter a compris qu’Alpine allait devenir compétitif en Formule 3 ; il s’est alors beaucoup plus impliqué dans les budgets courses, exigeant de Renault une enveloppe spécifique allouée à la F3 Alpine, alors que la F3 n’était pas dans le programme compétition financé par Renault jusqu’alors. Et ainsi de suite ….quand la monoplace F3 Alpine A364 eut démontré ses grandes qualités, il en a fait dériver une F2… « Elf 2 » à moteur Ford-Hart…, pour les pilotes Elf ! Quand il a compris qu’une nouvelle jeune équipe talentueuse était aux commandes chez Gordini, il a fait décider le lancement d’un vrai moteur de courses, le fameux V6 2l, en signant spectaculairement un chèque symbolique de démarrage ; ce moteur sera à l’origine du retour triomphal de Renault aux 24H du Mans (via Alpine) et en Formule1. François Guiter avait un regard particulièrement aigu : il savait le planter dans les yeux de son interlocuteur pour l’amener où il voulait mais il savait aussi « regarder », apprécier, soupeser les forces en présence et déceler les chances de gagner. Et quand elles étaient réunies, foncer ! Son Ego était en proportion de sa corpulence mais il le mettait au service de son équipe, de sa marque, de sa nation. Avec le recul, je crains qu’il ait beaucoup souffert intérieurement de l’absorption récente d’Elf par Total… Petit détail ridicule dans cette démarche matérialiste inéluctable de globalisation.