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PSA / GM

 

PSA : Bonne affaire pour General-Motors !!

 

 

Pour 304 petits millions d’euros, GM prend sournoisement le contrôle de PSA, deuxième constructeur européen : avec les 7% du capital qu’ils achètent ils n’ont pas le contrôle de droit et, d’ailleurs, il ne semble pas qu’ils aient décroché un siège au conseil d’administration, mais, en fait, les gens de Detroit s’introduisent au plus intime, au plus confidentiel de PSA, au cœur de ce qu’on appelle le « Plan Gamme » qui détermine la stratégie produit, le Futur du Constructeur. Le communiqué de presse nous annonce :   « l’Alliance repose sur deux piliers principaux : le partage de plates-formes de véhicules, de composants et de modules et la création d’une joint venture d’achats à l’échelle mondiale pour les produits et les services avec un volume d’achats combiné de 125 milliards de dollars. Chacune des deux entreprises continuera à commercialiser ses voitures de façon indépendante et concurrentielle. » Cela suppose de concevoir ensemble, d’investir ou PAS, ensemble sur les futurs produits…c’est très probablement l’arrêt de mort de toute fulgurance, de tout produit innovant ; c’est rentrer dans le moule du produit bien standard à l’américaine dont on observe les dégâts depuis une quarantaine d’années outre- Atlantique. Adieu aux percées du genre DS (je parle de la vraie…), Coupé-Cabriolet, hybride-diesel, car faire prendre des risques financiers à deux mastodontes comme la famille Peugeot et les financiers de GM relèverait de l’impossible exploit, à supposer que les nouvelles lourdeurs induites par le futur Comité de Pilotage de l’Alliance n’aient pas éteint préalablement tout réflexe d’imagination et d’innovation. On a vu en 2008, où en était GM que l’Etat américain a du sauver avec un apport de 50 milliard de dollars, autre chose que le prêt à nos deux constructeurs, de 3 milliards d’euros à 6% du bon M.Estrosi, qui a pourtant choqué quelques bonnes âmes libérales ou gauchistes bien françaises !

 

Comment en est-on arrivés là ?

 

PSA a fait une mauvaise année 2011, ou plutôt un très mauvais deuxième semestre : panique à bord ! Peugeot a été très réticent sur la guerre des prix déclenchée par Renault avec la remise de 48% sur la Clio « essence » ; pour sauvegarder ses marges, il a laissé filer et a finalement perdu 0,7 point de part de marché en Europe et Citroën, 0,4, soit presque 150.000 véhicules, soit la production d’une usine moyenne. De plus les affaires démarrent lentement en Russie et sommeillent au Mercosur. Plutôt bien en Chine avec 404.000 véhicules vendus et un profit, part du groupe, de 150 millions d’euros qui doit faire baver les gens de Renault…A tout cela s’ajoute la panique boursière depuis le mois d’août et, résultat,  le titre Peugeot a dévissé  d’environ 50% sur un an, ramenant la capitalisation boursière de notre constructeur à quelques 3,4 milliards d’euros, à la portée de l’argent de poche d’un fils d’Emir…mais c’est Général-Motors qui en profite !

 

Côté GM, si l’année 2011 a été plutôt bonne grâce à la reprise vigoureuse du marché US (+10%), la filiale européenne, Opel, est toujours un boulet : elle a perdu 747 millions de dollars en 2011 et au cumul, depuis 1999, 14 milliards de dollars : on comprend que GM aimerait bien repasser une partie du fardeau à PSA ! On nous promet donc que la Fée Synergie va faire gagner 2 milliards d’euros par an aux partenaires de cette Alliance stratégique mondiale…d’ici 5 ans. Cela ressemble aux publicités de placements d’assurance-vie : « gagnez 5,5% garantis » et écrit en tout petit « sur les 3 premiers mois » ! C’est vrai qu’en partageant les plates-formes, les dépenses de R&D sont mieux amorties, mais à condition d’y installer les MEMES groupes moto-propulseurs, ce qui n’est pas évoqué dans le communiqué officiel. Car il reste un gros problème à régler avec les partenaires actuels impliqués essentiellement dans les motorisations : Ford et BMW pour PSA ; Isuzu, Suzuki, Fiat pour GM, sans parler de Renault, fournisseur des véhicules utilitaires de GM.

 

On promet aussi beaucoup d’économies sur les achats, les deux partenaires représentant un marché de 125 milliards de dollars, soit 90 pour GM et 35 pour PSA. Il est clair que la force de frappe de GM, premier constructeur mondial avec plus de 9 millions de voitures vendues en 2011 est telle qu’elle n’avait pas besoin d’aide pour négocier avec ses fournisseurs. Mais PSA, avec des activités plus concentrées en Europe a probablement atteint aussi la masse critique pour négocier dans de bonnes conditions. Je ne crois pas que la pression puisse s’amplifier linéairement sur les fournisseurs en fonction du volume d’achats, à partir d’un certain niveau : les équipementiers, à force de consolidations, favorisées d’ailleurs par leurs clients, sont devenus assez forts pour résister et imposer leurs prix ; par ailleurs un changement de fournisseur devient problématique par le niveau d’investissements qu’il impose pour fournir des volumes considérables. Enfin, on ne peut pas prendre trop de risques avec de nouveaux fournisseurs car les ruptures d’approvisionnement coûtent très cher ; c’est arrivé à Peugeot l’année dernière, on sait que ça a pesé lourd, c’est cité dans le rapport mais pas chiffré. Cela dit, il y a toujours un peu de marge à gratter et PSA est très bien placé pour le savoir puisque Faurecia, 5° ou 6° équipementier mondial est une de ses filiales qu’il s’est attaché à diversifier au point que le premier client dudit équipementier n’est plus PSA mais le groupe VW ! Dans les comptes 2011 de PSA, le profit de Faurecia ressort à 651 millions d’euros, alors que son activité automobile propre en perd 92… au moins ces profits sont-ils consolidés dans les comptes du groupe, ce que ne fait plus GM qui a du vendre sa filiale Delphi qui perdait chroniquement de l’argent. Donc le gain sur les achats n’est pas aussi évident qu’on veut bien le dire dans l’euphorie d’un rapprochement.

 

Les Financiers attendent toujours des merveilles de ces fusions ou alliances, et pourtant l’histoire nous indique que ces belles promesses ne sont pas souvent tenues. Peugeot le sait bien qui a mis des années à mal digérer l’absorption de Citroën en 1976, puis des activités européennes de Chrysler en 1978. Daimler/Mercedes a perdu quelques milliards dans le rachat de Chrysler avant de s’en défaire ; c’était pourtant présenté par les analystes et experts comme la fusion du siècle ! On citera pour mémoire les rachats de Volvo, Jaguar, Land-Rover par Ford et Saab par GM qui ont fait pchitt. Quant aux alliances, si profit il y a, on constate qu’il se reporte sur le plus mal en point des deux partenaires au moment du passage à l’acte : c’était le cas de Fiat en 2000  qui, en plus, a finalement « taxé »son partenaire  GM de 2 milliards d’euros en 2005 pour divorcer, de Nissan par rapport à Renault qui, hors sa participation dans Nissan, est moins solide en 2011 qu’en 1999 et de Chrysler (encore) en plein come-back depuis 2 ans, par rapport à Fiat (encore) qui se languit dangereusement ! 

 

Quoiqu’il en soit, c’est l’occasion pour PSA de lancer une augmentation de capital de 1 milliard d’euros, bienvenue face à ses 3,4 milliards de dettes. GM souscrit donc pour 304 millions, la famille Peugeot pour 140 millions, il reste 556 millions à placer sur le marché ; début de l’opération aujourd’hui, résultat le 21 mars : une généreuse décote de 42% (estimation de la Tribune) doit assurer la bonne fin de l’opération !

 

Le 08 mars 2012

 

 

 

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